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"Ceci n'est pas une trêve,

tsy vato misakana, tsy rivo-manosika."

Toile du peintre et poète Jean-Luc Raharimanana

que nous venons tout juste de recevoir depuis Madagascar... émotion.

Texte de Louise Holt Bouillon

"Dans mon rêve de soleil qui devient un enfer"

Dans mon rêve de soleil qui devient un enfer 

On étouffe et on plonge 

 

Ô nuits si longues et fractionnelles qui se comptent par milliers 

J’en deviens presque floue à force d’effacer les marques de la veille 

 

Farouchement critiquée par des êtres inventés qui me piquent et me broient 

Grande certitude qu’ils remporteront encore le trophée quotidien 

 

Equipée jusqu’au cou de mes larmes / amies 

Elles dépérissent et ne coulent même plus 

Elles me donnent la force de 1000 armes 

Comme 1000 hommes en colères 

 

Parsemée d’or, j’aimerais devenir bleue 

Camouflage certain pour rejoindre et me fondre 

Dans cette masse flottante, grande mousse de forêt du ciel 

 

J’ai rencontré des ombres marchandes de sommeil 

Qui ont tenté en vain de me tendre la main 

 

Dans mon rêve de soleil qui devient un enfer 

On étouffe et on plonge


Louise est musicienne. Elle voyage avec son groupe CEYLON depuis plusieurs années. Elle chante et danse au rythme des mots. 

La scène est l’endroit qu’elle préfère car seul le présent compte. 

https://open.spotify.com/intl-fr/artist/0gPoXgmh4QCj4i1gzWwdUm?si=RRqr0SToT0a4Ns9HwCizsA

Texte de Perrine Le Querrec

"Trois bouquets"


un enjambement en arrière en avant
d’irrégularité
une cadence en avant en arrière
je m’habille vite
je sors la nuit
de la nuit je sors
aussitôt dehors je me réveille
avec méthode et le corps méthodique
me tiens pour ainsi dire sur deux jambes
fumée enroulée aux chevilles
chevreuils dociles ivres de rosée
je suçote des dragées d’obscurité
la rétine décollée le respir incarné
me recouche allongée flanc gauche
sur l’ancien lit de fleurs blanches

Perrine Le Querrec

A publié de nombreux recueil "Ruines", "Les Tondues", "Rouge Pute", "Le Prénom a été modifié"...

et le très remarqué "Warglyphes" (comment écrire la guerre ?) aux éditions Bruno Doucey.

Son prochain recueil rendra hommage au danseur Vaslav Nijinsky...

Texte de Gracia Bejjani

"comme lucioles au corps lumineux"

 

on dit le Liban dans le noir — ils font comment

demandent les Français

je m’en inquiète comme étrangère au pays

sans électricité, l’anodin de toujours

m’inquiète aujourd’hui sans m’en étonner

tu le sais, répond simplement mon frère

on s’éclaire autrement

moteurs, panneaux solaires…

pays de noir hanté, mais leurs nuits sont blanches

 

blanches comme l’attente, ses instants précipités

le mur du son, franchi

le bruit est sec, l’explosion comme suspendue

assourdissante après l’étrange silence tombé de nulle part

nous connaissons l’explosion des armes

l’explosion des bombes

nous avons été pulvérisés par l’explosion du port

aujourd’hui, d’autres fracas, le coup de poing sidéral

les vols militaires franchissent airs et limites

aurons-nous un jour des contours, un pays-peau ?

jusqu’aux lois naturelles, transgressées

— le mur du son est rompu

pays de blanc brisé

 

aux nouvelles, ton pays… me souffle l’amie

comme demande de pardon

on élève d’autres flammes, soleil lune nuages

et nos blancs souvenirs, danses fantômes :

les guerres ne sont-elles pas passées ?

mer, ciel et terre enclos de noir

et les nuits, bavardes de bruits entêtés

on écoute, discours officiel des uns

menaces articulées des autres

nous, respiration de pierre sous le marteau

larmes blanches et nos faims nébuleuses

on écoute, ça ne se cache pas, ça brave

ça revendique, ça riposte

et nos yeux inquiets, pendus entre deux

on attend, on ne sait pas ce qui nous attend

longues haines — tristes mythes

 

on attend

on adapte nos blagues, parole leste

on rit d’angoisse — nos rires de ciment

taquins, pour ne pas capituler

sur terre instable, notre vitalité sans maître

on exhibe nos voix, lourdes d’oubli, de joie voulue

on vit sans électricité, comme lucioles au corps lumineux

l’instinct à cran, on se débrouille

je sais la résistance sauvage

 

le pays n’est pas dans le noir

siphonné de trop de blanc

le blanc de ne pas savoir

blanc écume et déni

le blanc de nos yeux épais d’avoir trop vu

fenêtres éteintes entre deux nuits

blanc des bulles, elles attendent d’éclater

et nos mains comme transparentes

sait-on ce qui nous attend.

 

Gracia Bejjani a créé une superbe vidéo à partir de ce texte :

https://youtu.be/kD2wgxPof0Q

Site : graciabejjani.fr

Chaîne : youtube.com/c/graciabejjani

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Dessins de la poétesse Aline Recoura

Texte de la poétesse et performeuse Virginie Seba

"Des jours et des blancs"


Fils blanc
blanc comme neige
garçon grand 26 ans
mes cheveux déjà
blancs comme neige
grand garçon étrange
duplication chromosome 16
ça vous dit quelque chose
mystère mystérieux
des trucs en plus
des trucs en moins
vous ne voyez pas
moi non plus
même en portant des lunettes
beau gosse bien bâti
sourire aux lèvres
un homme un enfant
mon garçon mon fils
26 ans il aura fallu
pour se dire peut-être
que même en ESAT
il ne pourra pas
non y a pas de lézard
cherchez pas
ESAT
lieu de travail adapté
pour personnes
qu'on des trucs en plus
des trucs en moins
alors oui mon fils
un chromosome en double
double dose d'émotions
double dose de cheveux blancs
double dose d'angoisses
double dose de colères
la mère qui boit jusqu'à la lie
le fils qui ne contrôle pas
ce qu'elle ne voit pas
la lave qui s'accumule
double dose de blancs
peut-être alors maintenant
se dire que ce grand garçon
est vraiment à côté de

à côté de se faire à manger

à côté de communiquer
à côté de planifier prévoir
d'envoyer des mails
de faire des dossiers
à côté du budget
à côté de vivre dans un chez lui
prendre soin d'un logement
à côté de lancer une machine
mais pas sa console
à côté de la plaque
en quelque sorte
à côté de...
le grand blanc
ne sait pas
blanc de chez blanc
mais connaît Disney
ses moindres attractions
peut vous guider les yeux fermés
mais connaît le parc Astérix
peut y aller seul
un week-end
dans une chambre d'hôtel
réservée par sa mère
sait se rendre à l'hôtel
sait se présenter à la réception
aucun blanc
mon fils grand voyageur
bon compagnon de voyage
ensemble nous avons été si loin
sa mère à qui il donne
des petits coups de langue sur la joue
comme un chien
jappe comme un chien
grand blanc
alors je dis
non non et non ça suffit
alors il arrête progressivement
et puis un jour
il lèche de nouveau
cette fois-ci sur
mes cheveux courts
alors je dis non non et non
une fois de plus
grand blanc
il sourit
ruse de grand enfant

maman quand je pourrai
de nouveau aller
à Disney
à Astérix
ma punition est levée
donne-moi
ma carte Disney
mon week-end à Astérix
donne-moi mon argent de poche
mes 30 euros du week-end
dis ça ira 30
ça ne fait pas beaucoup
je pourrai avoir plus
oui mon fils
sa carte bancaire
compte porte-monnaie
c'est comme ça qu'on dit
fils sous curatelle renforcée
ce fils grand naïf
harcelé et qui peut aussi
harceler
renvoyé d'ESAT
presque trois mois après son embauche
sans préavis
un peu trop collant avec une collègue
pas de préavis
direct
Ah oui quand même un peu raide
le temps passe
le fils à la maison
qui traîne dans le quartier
pour l'instant ne se fait plus dépouiller
ne se fait plus harceler
depuis que la police
s'est saisie de notre plainte
6 ans qu’on portait plainte sans succès
vol de portable à répétition
argent gentiment spolié
des amis de quartier
le dernier, un jeune en première
arrêté en plein cours
interdiction de 6 mois d'approcher mon fils
et puis d'autres choses encore
ça fait mal pour lui
mais qui a plus mal que...
la police a rendu le portable
la police m'a dit
faut voir le jeune pour qu'il enlève ses données
alors le jeune il est venu
en bas de mon immeuble
et pendant 1 heure
le temps de nettoyer le portable
le jeune il m'a bla bla bla
saignée à blanc
fils a récupéré son portable

alors nous allons intégrer
un nouveau programme Pop and psy
centré sur les habilités sociales
- Alors madame
parlez-nous de votre fils
Le fils à côté de la mère
- Et bien que dire
Et la voix monte … monte
J'ai 26 années de choses à vous raconter
- Oui alors concentrons-nous sur le début

A quel moment le diagnostic a-t-il été posé
- Eh bien...
Replonger sur 26 années écoulées
Grand blanc
Par où commencer
- Je crois que nous pourrions écrire un livre mon fils et moi
- Allons madame poursuivez  
- Bla bla bla
Pop up souvenirs
vivaces loquaces
A rallonge comme des jours blancs sans pain

C’est vraiment long à raconter
- Mais enfin vous n'avez pas son dossier !
- Bah non ce n'est pas le même service

Combien de fois recommencer
l'histoire de la vie de mon fils
L'histoire de notre vie à tous les 2
L'histoire à celle aussi de ses sœurs
Et du père - grand blanc
Les souvenirs cognent
s'entrechoquent
Ça fait du bruit
- S'il vous plaît madame pas si fort
Il y a des consultations à côté
Allons madame recentrons-nous
s'il vous plaît
Mon fil à mes côtés
Grand blanc
- T'en penses quoi
- ...
- Ah oui tu ne sais pas finalement
si tu vas intégrer ce programme d'habilités sociales
- ...
- Mais si..., que je dis
tu vas rencontrer d'autres jeunes
Il fait la moue n'aime pas qu'on le presse
N'aime pas que...
Bah oui qu'on le ballotte
A blanc
Qu'on décide pour lui
Grand blanc
- Bon et bien, conclut la psy, j'espère que tu vas dire oui pour ce groupe,

avec tout ce temps qu’on vient de passer

ensemble

mais comment on fait
pour vivre en société
P't-être bien qu'faudrait
des tests d'habilités sociales
pour chacun.e d'entre nous
Et s'exercer inlassablement
Y a tant de grands blancs

ici et là...

Virginie SEBA

Dessin, Aline RECOURA

Virginie SEBA, poétesse performeuse engagée, dit, déclame, publie et co-anime, avec Aline Recoura, la scène Les Daronnes au Tiers Lieu FAIRE LIENS, Paris 15ème, un dimanche par mois (à partir du 15 septembre à 15h). A son actif, un clip Dame Chique Tache et plusieurs créations de spectacle dont l’incroyable Sister Rosetta Tharpe, pionnière du rock’n roll, qui s'est joué au festival d’Avignon du 2 au 21 juillet 2024. En duo avec Aline Recoura, poétesse plasticienne, lecture théâtralisée Familles sur table d’après leur ensemble poétique éponyme, édité par L’Ire de l’Ours, avril 2023.  Pour en savoir plus, rendez-vous sur www.slamchante.fr

Son dernier recueil aux éditions Lunatiques : "Marche nage Vole".

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Dessin d'Aline Recoura

Texte de Domi Bergougnoux

Nuit blanche

entre les branches qui se brisent

 

Nuit chavirée

de rafales en trombes

sur les grandes barres

 

Nuit déchainée aux fenêtres du monde

où ça cogne

et ça tangue

 

Nuit sans trêve et sans rêve

sans phare

et sans balise

 

Nuit noyée dans un verre d’eau

nuit tirée par les cheveux

emmêlée aux bruits de mort

 

Nuit sonore qui s’enfle

et mêle sa matière d’ombre

à des souffles furieux

 

Nuit infiniment liquide

goutte à goutte du ciel à la terre

la lune nous perfuse

 

L’espoir d’un rayon pâle

Dominique Bergougnoux

Actuellement orthophoniste en Ile-de-France, elle s’occupe d’enfants « empêchés » dans leur expression orale ou écrite. Chanteuse de  jazz, pop-rock, lyrique, elle a « hiberné » quelques années en musique avant de revenir à la poésie. Elle écrit sur la solitude, la souffrance, elle développe un rapport sensible et métaphysique à l’univers et à la nature. Elle poste régulièrement des poèmes sur sa page Facebook, elle est accueillie dans des revues et blogs.  Elle a participé à plusieurs ouvrages collectifs et à des anthologies. Recueils publiés :  Dans la tempe du jour, Editions Alcyone, 2020. Il faut apprendre à voler, livre d’artiste, peintures découpées de Jean-Denis Bonan, Editions Al Manar, 2020. La craquelure, Editions Al Manar, 2021. Au berceau de nos bras, (co-écrit avec Pat Ryckewaert) Editions Bleu d’Encre, 2022. A tout ce qui lacère, Editions Le Coudrier, 2022.

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Photographie et texte

Piero Cohen-Hadria

Parce qu’à la nuit appartiennent les amants

ça commence par un rendez-vous (ça commence toujours par un rendez-vous), ça se passe au Rêve, elle arrive et il est là, ou l’inverse, ils boivent rient parlent, puis s’en vont – passent devant l’hôtel qui fait le coin du 39 de l’avenue et de la rue en escalier Juste Metivier (ce n’est plus un hôtel, comme au temps où Piaf y vivait avec son Montand), ils remontent, ils rient, il fait nuit – qu’est-ce que c’est, l’amour ? la liberté ? Il y a en haut un point de vue, les toits de la ville, la nuit, les lumières, ils descendent, empruntent la rue des Martyrs, à ce coin-là il y avait le cirque Medrano, tu te rappelles que là, à ce coin-là en face, une boulangerie était ouverte toute la nuit – puis il y a l’église, il y a les boulevards – ils marchent, rient encore, où vont-ils ? Elle joyeuse, lui heureux,  s’ils allaient danser ? Quelque part, rive gauche ? Ils marchent encore, et noire est la nuit – mais les lumières… et bientôt l’aube

parce qu’à la nuit l’amour appartient

 

Because the night une chanson de Patti Smith & Bruce Springsteen

Piero Cohen-Hadria

Blogueur impénitent (http://www.pendantleweekend.net/ collectif au départ), je soutiens des aventures participatives : je travaille avec des artistes écrivains : au sein du collectif L’Air Nu - https://www.lairnu.net/) (avec Anne Savelli Joachim Séné Mathilde Roux Christine Jeanney) où je défends, entre autres, un certain cinéma; au sein du collectif maison[s}témoin (http://www.maisonstemoin.fr/, (avec Christine Jeanney).

Photographie de Valérie Cassisa, enseignante d'anglais au lycée Voillaume d'Aulnay-sous-bois, et parce qu'il faut voir l'été toujours en soi, même dans la nuit blanche, elle propose ici une composition photographique de son balcon à Drancy, avec un filtre cyberpunk.

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Les chansons de la poétesse, dramaturge et metteuse en scène

Véronique Dimicoli

(interprétées par Françoise Breton au chant et Yvan Breton à la guitare...)

https://soundcloud.com/yvan-breton/nuit-blanche-blues?si=738d0cfcd54142cb9666d9f22efe55a0&utm_source=clipboard&utm_medium=text&utm_campaign=social_sharing

Titres à écouter sur Soundcloud, le groupe Petites notes d'exil...​

et une autre version avec François et Louis MOUTIN (thème de Thelonious Monk) et une photographie de Nathalie HOLT...

https://soundcloud.com/yvan-breton/nuits-blanches

Ci-dessous : une toile extatique de l'artiste MAÏPO !

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Toile de l'artiste Maïpo

Texte de la romancière et poète Astrid Waliszek

 

Je n'aime rien tant que les insomnies du tout petit matin, dans le silence parfait de l'extérieur endormi encore, un monde sans hommes où même les bêtes dorment, un monde où n'existent que les mots à poser sur les choses vues la veille, dans le savoir secret où elles prennent vie par la grâce du souvenir qui les restitue — là un fossé où l'eau roule entre des arbres dont on n'aperçoit que la ramure, là d'une ombre passant naît la couleur et là encore le carrelage cru, bosselé et grenu d'un sol foulé trop tôt pour en admirer la texture — quand enfin par la fenêtre arrive le chuintement du jardinier ramassant l'herbe coupée hier et les effluves mêlés des arbres, des fleurs et du foin. La nuit respire, c'est l'heure du premier oiseau ouvrant son bec sur un piaillement qui marque le passage de l'aube à l'aurore, fugitive irradiation de la gamme des bleus dans le dévoilement des chimères redevenues tronc, buisson, auge ou jardinière.

Astrid Waliszek

auteure du roman "Topolina" chez Grasset.

Recueil de nouvelles et poèmes aux éditions Jacques Flament :

"A peine assez de mes bras", "Ombres nomades", "Les lucarnes de désir" ...

L'artiste Maïpo (au fin Nord de la France) est présentée dans l'A propos du site...

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Photographie de l'écrivaine et scénographe

Nathalie Holt

Compositions piano et orchestre

de Marion Bourdier

La chanson "Beyrouth" du groupe Petites notes d'exil (plateforme Soundcloud)

interprétée au chant par Françoise Breton, composition de Marion Bourdier

illustration de la poétesse, performeuse et vidéaste Gracia Bejjani

https://soundcloud.com/yvan-breton/beyrouth?si=157e25b1f78646829ce42a4f3844eea8&utm_source=clipboard&utm_medium=text&utm_campaign=social_sharing

La composition "Méditation" sur le site de Marion Bourdier (Soundcloud) chant de Françoise

https://soundcloud.com/marion-bourdier/meditation?si=fe0a3efcb5684551bedebb4dbe402e47&utm_source=clipboard&utm_medium=text&utm_campaign=social_sharing

 

Illustration : Nathalie Holt est scénographe de théâtre et d'opéra. Son dernier recueil de nouvelles "Averses" nous a tous énormément séduits (article dans la chronique Buvette au coin d'la rue).

Suivent ici des instantanés des vidéos de la poétesse et dramaturge

Milène Tournier

fragments photographiques

issus de ses vidéos-poèmes

"Nuit le parieur reprend la moitié de sa mise" https://youtu.be/1jsZF9tqn88

"J'ai rêvé cette nuit j'étais la nuit" https://youtu.be/jjjUHv_u8bA

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Sa chaîne youtube https://www.youtube.com/@MileneTournier

Milène Tournier écrit des livres de théâtre, poésie, et des poèmes vidéos. Son recueil (février 2023, Castor Astral) « Ce que m’a soufflé la ville », esquisse une écriture de la déambulation. Son dernier recueil "Cent Portraits vagues" aux Editions Lurlure.

Poème de Lola

Les nuits blanches, pas toujours de cette couleur innocente, souvent se transforment en nuits noires, nuits où nos pensées moroses prennent le dessus et où rester enfermé chez soi à méditer ne fait qu’augmenter cette anxiété.

C’est ce bourreau des dormeurs éveillés qui nous aspire dans de longues nuits de tourment.

Ces nuits où l’on sort, contemplant le doux coucher de soleil qui s’efface derrière cette mer agitée, où les vagues frappent les rochers. On ferme les yeux et on se concentre sur le violent son de la mer dont le silence s’est imprégné. Puis on réouvre les yeux pour les poser sur ce ciel débordant d’étoiles, hurlant « Contemplez-moi ! ».

Ces nuits passées à errer sans but, avec grande tristesse. On ne sait où aller mais on arpente ces rues sombres à la recherche d’un bonheur douteux, là où il n’y aurait ni crainte ni mélancolie.

Lola, jeune poétesse, amie de l'écrivaine Astrid Waliszek.

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Dessin d'Alexandre Piquion

Texte d'Emmanuelle Cordoliani

"Au bout du tunnel"

C’est la voix de sa femme qui le réveille. Le bruit dans sa voix en disant son prénom… Une sorte de grelot, non, un tremblement sourd comme celui d’une feuille de papier en équilibre… Il voudrait rester au chaud sous ses paupières, même si l’aube a déjà réduit leur couverture à l’épaisseur d’un drap de lin rêche. Il s’est endormi brutalement en rentrant de l’hôpital. Sa grand-mère avait une expression pour désigner cette chute des bêtes dans le sommeil. Il n’est pas passé voir la petite. Il n’est pas certain d’avoir eu le temps de se déshabiller avant de tomber. Il voudrait bouger un peu pour sentir ce qu’il porte sur lui, mais ses jambes ne semblent pas pressées de répondre à son souhait. Un instant, il les croit mortes. Un sang de fiel afflue à son cœur. Elles sont empêtrées dans les draps. Il doit dormir encore. Il n’a pas entendu la petite de la nuit. Elle a crié pourtant, elle se réveille encore trois fois, quelle que soit l’heure où ils la couchent. Sa femme se sera levée avec sa discrétion de chatte pour aller la nourrir. Ils ont décidé que sa femme allaiterait, alors c’est elle qui se lève, mais d’ordinaire, il entend les pleurs. Sa femme… il ne dit jamais son prénom aux autres. Hier soir, il a dit : « très bien, puisque c’est ce que tu veux, je vais rejoindre ma femme », avant de les laisser à l’hôpital. Il les aura bien surpris avec ce mariage. Ils avaient vu passer une ribambelle de filles tape-à-l’œil, toujours très à l’aise avec la grande famille du Sud. Elles faisaient saliver les mâles tout en embobinant les grands-mères avec des manucures. Personne ne les aimait, mais ce n’était pas étonnant qu’il ramène ce genre de fille. Des commerciales, comme lui, comme on dit des voitures… Parfois blondes, mais le plus souvent brunes, comme lui, avec une peau facile au soleil. Jusqu’à ce qu’il rencontre sa femme. Les cheveux de sa femme, il est impossible d’en décrire la couleur avec un seul mot. Il n’y a rien qui convienne vraiment. Ils ne sont pas spectaculaires. Elle les attache pour ne pas faire éternuer les petits élèves, quand elle donne cours de piano. Une natte sur le côté droit… Elle a posé sa main sur son torse, à son contact, il comprend qu’il s’est déshabillé. La main de sa femme tremble aussi. Il entend la petite qu’elle porte au bras, à cheval sur son biceps, l’arrière de la tête bien tenue dans la paume. Ce n’est pas un gros bébé. Ça aussi, ce n’était pas prévu. Une fille et pas un fils. Il aurait pensé que ça flanquerait sa virilité par terre, mais c’est autre chose qui s’est produit. La dernière main à cette rébellion dont personne ne se soucie vraiment, mais qui ne laisse pas d’étonner. Elle dit son prénom à nouveau. La mauvaise nouvelle ne les surprendra pas. Le père est aux soins intensifs depuis une semaine. Il a trop de dignité pour mourir devant ses fils. Il a attendu d’être seul avec la mère et l’aîné… Sa femme calme la petite qui a commencé à pleurer. Ce n’est rien, ce n’est rien, c’est papa, c’est papa, n’aie pas peur, c’est papa. La journée va être longue et les suivantes… Il ouvre les yeux. Sa femme ne pleure pas. Sa bouche mince est ouverte, elle ne le quitte pas des yeux. La petite ne fait pas le sourire du matin quand il bâille exprès. Il essaie de s’asseoir dans le lit pour lui ouvrir les bras. C’est à ce moment-là, dans la glace, qu’il voit enfin la même chose qu’elles : ses cheveux qui ont blanchi dans la nuit.

Emmanuelle Cordoliani joue, écrit, enseigne, met en scène et raconte des histoires.

Son blog  https://www.lecafeeuropa.com/blog

Alexandre Piquion | Illustration

Son site : lesubtildelepee.com 

Sa chaîne : Le subtil de l'épée - YouTube

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Photographie et texte

Juliette Derimay

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"Sur ton banc"

Deux seaux, une planche, un banc. De quoi s’asseoir, le dos contre le mur, tu aimes t’installer là quand la chaleur du jour s’attarde dans les pierres. Ce banc est juste parfait pour regarder en face, l’autre côté de la vallée, l’autre moitié de ton monde. En bas, les chalets dispersés, les champs d’herbe pour les vaches ou parfois les brebis, plus haut des arbres serrés, la forêt des feuillus, puis feuillus et sapins puis à peine quelques troncs au milieu des buissons, puis le ras, le râpé, le pelé par le vent, le sommet presque nu, à peine recouvert de mousses et d’herbes basses quand elles peuvent s’agripper. Le jour finit doucement comme on finit un livre, quand l’histoire se prolonge bien après le dernier mot. Les détails disparaissent, les combes et les replats, puis la forme des arbres, les contours des maisons, ne restent que les crêtes pour découper le ciel. Tes yeux s’adaptent aussi, tu vois en noir et blanc. Le noir du grand lointain et le blanc des petits points qui s’obstinent à briller même quand tu n’arrives pas à retenir leurs noms. Certains quand même tu sais, la grande et la Petite Ourse, Cassiopée, Orion et l’étoile du berger. Tu les regardes, tu les fixes, tu ne les vois pas bouger, pourtant, tu sais qu’elles se déplacent, leur temps n’est pas le tien, mais juste à ce moment, ton regard vous relie, elles t’emmènent en voyage et tu ne reviendras, t’asseoir là sur ton banc que quand le soleil sera là.

Juliette Derimay

Ses ouvrages et son site : https://www.les-enlivreurs.fr/

Publications : « Voyage en Irréel », avec le photographe Nicolas Orillard-Demaire (nod-photography.com), paru en septembre 2021 chez Spot Éditions et nombreuses participations à des ouvrages collectifs.

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Chez Jean-Claude, ©Françoise Renaud, 2015

Photographie et texte

Françoise Renaud

"deux mots"

 

avec tout ce qu’ils ont de doux, à être là, posés ensemble

 

deux mots — nuit et blanche —, un nom commun et une couleur, pas n’importe laquelle, le blanc opposé au grand noir, le blanc de la naissance et du deuil, le blanc fou du printemps, le blanc crémeux ou phosphorescent, tout ce qui s’annonce dans ces heures où la planète est à l’envers une fois la lumière retirée du fond des bois et des ruelles, rien qu’ombres fugitives qui donnent toute son importance au blanc, c’est le corps qui est blanc et la nuit qui est noire, c’est le corps qui s’agite et furète sans trouver le repos, les articulations grincent, les idées pèsent en tête, les regrets, les inquiétudes, les terreurs de l’eau qui emporte et celles du feu qui ramène à la cendre, tout ce qui rôde et blesse, graffiti dans la zone des tempêtes

 

et ce temps soudain libéré comme volé au sommeil qui se propose à la joie de la chair, à la danse, à l’observation des étoiles, à l’indicible du paysage saisi dans la pâleur lunaire, dévoilés alors les sentiments comme si on n’était vivants que pour des moments pareils, que pour ces parfums, ces ténèbres, ces visages qu’on a vraiment aimés et qu’on réinvente et caresse en murmurant des noms, les corps et les visages sont blancs contre la nuit noire, les photographies sont noir et blanc, dans la fenêtre il y a la nuit et par le dessous, sans doute issu des abysses, ce grondement qui nous atteint et nous possède

Françoise Renaud

De nombreux ouvrages publiés depuis 1997 (roman, poésie, jeunesse, beau livre) et publications en revue. Biblio ici: 

https://www.francoiserenaud.com/bibliographie/bibliographie-complete/

fr@francoiserenaud.com

www.francoiserenaud.com

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Photographie et texte

Catherine Serre

elle a trente ans et danse

comme une belle femme qu’elle est 

c’est-à-dire une femme

libre

libre de danser dans la nuit d’août

au son du reggae malgache et de la voix mêlée

qui y brode les psaumes 

entourée des rires de champs Élysées

et des plaisanteries de porte noire 

qui ne s’ouvre pas — papa y veille

 

la femme de trente ans danse les nuits de lune 

et ses sœurs de forêt

les arbres qui se récoltent

se plantent et se sèment

aux heures de lune alliée

protectrice sœur du ciel 

nos regards vers elle 

rubans de vie par-delà des atlantiques 

chemins maritimes de l’ouest lancés

jusqu’aux confins caribéens

 

telle un oiseau, elle a rejoint la nuit d’août

et elle danse le reggae, lien d’afrique et d’amérique

sur les mots inventés d’un dieu

qui protège comme il peut puisqu’il ne fait rien 

que danser et rêver belle vie pour la femme de trente ans

ses sœurs de dix ans, ses sœurs de vingt ans

ses sœurs de quarante ans et de mille et mille ans

ses tantes, ses cousines, sa mère et les petites à venir

 

elle danse la transmission de la forêt

mais la peur n’est plus de mise

poussées jusqu’aux arbres le long de la rivière

par ceux qui plantaient des drapeaux

et parlaient de races à tous les octobres

ses grands-mères et grands-tantes savent la vie de forêts 

qu’elles transmettent à leurs filles et à leurs nièces

les dits de la lune racontent que la nuit protège

les dits du cacao sont rouges de mystères

 

la femme de trente ans danse la nuit d’août

sous nos parallèles 

quarante-cinquièmes et privilégiés

lune pleine autour du cou elle danse

personne ici ne connaît son nom de forêt

créatrice quand il s’agit d’oiseaux

la femme de trente ans met nos questions

à sécher

et à fermenter trois jours en plein soleil

nous les boirons demain

autour des flammes d’une coupe de feu

pour cette nuit

la femme de trente ans

belle, c’est-à-dire libre, danse

 

Catherine Serre

Nuit de lune rouge, lieu dit chez Rousseau Vars - août 2024.

Catherine Serre a publié "La maison de Mues" aux éditions L'Arbre à paroles,

Présentation sur le site de la Maison de la poésie : 

 https://www.maisondelapoesie.com/catalogue/la-maison-de-mues/

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Toile d'Anne-Marie Pamelard

Texte de Fabienne Savarit

"L’aube blanche"

Etait-ce la fin d’une journée d’été ? Un soir de féroce nonchalance? Il avait plu. De cela je me souviens. Les tables avaient été rangées avec hâte et les gouttes de pluie pailletaient aux bouquets de fleurs. Deux papillons aux ailes dorées dansaient au-dessus des parterres colorés. Je les ai suivis au creux des clairières jusqu’à la stupeur froide de la nuit. Aucun bruit ni visage, aucun tambour de parade mais un paysage nu et des milliers d’étoiles. Peut-être est-ce une histoire rapportée, un souvenir ou un rêve. Je n’ai pas envie d’élucider ce mystère. Il y a eu soudain des lumières partout autour. Eblouissantes. Je suis devenue une foule, courant, frappant à toutes les portes, prise entre excitation et extrême fatigue, jusqu’au moment où nous avons sauté dans le dernier wagon d’un train en partance. Combien étions-nous ? Où étions-nous descendus ? Au hasard d’une aube blanche ? Au manège des nuages ? Je ne me souviens que de la chaleur des paroles partagées.

Fabienne Savarit
Je me nourris des couleurs du littoral et laisse les histoires m'emporter dans leur sillage poétique. J'aime la douceur des mots et cheminer à la lisière du rêve.
En ligne :
Instagram : @fabienne_savarit / Facebook : fabienne savarit
https://www.autourdesauteurs.fr/fabienne-savarit/

 

Anne-Marie Pamelard : Souvent je dévisage des inconnu-e-s
Avec ma gouache et mes crayons de couleur je voyage sur leurs visages.
J'aime faire cohabiter les inattendus et composer des chimères.
En ligne :  Instagram : @365zanne

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Toile d'Isabelle Becker

Texte de Florence Becker

"Nuits blanches…"

 

les nuits sont blanches de neige

chaque saison dessine nos paysages intérieurs

comme le parfum de la mer dans le regard des enfants

croiser leur ombre sur un coquillage

devons-nous quitter la terre ?

le rire des arbres

la rosée du silence

nous sommes tous des touristes dans cette vie

tentative de se rapprocher du soleil

la lune guide nos pas

plume de joie bulle de soi

la neige colore la nuit de blanc

nuit blanche blanche neige

tant de pommes à croquer

le vent souffle notre courage

la poésie pour seul bateau

traverser les océans de haine

sans jamais se retourner

pas d’ancre mais de l’encre pour écrire

le monde nouveau, le monde rêvé

pouvons-nous rêver sans dormir ?

Florence Becker illustre la toile de sa soeur Isabelle Becker.

Isabelle Becker :  "Le mouvement est depuis toujours au cœur même de ma pratique artistique et de ma démarche. J’aime dessiner l’humain en mouvement, qu’il parle, bouge, soit concentré sur un livre ou son portable ou joue ou danse. Carte "Michemin" : une carte routière de marque Michelin ou autre présentée à la verticale, couverte de taches d’encre, de teintures naturelles, de peinture acrylique et d’aquarelle. Deux mouvements :  le premier réel, concret qui est celui du « dripping » effectué sur le support au préalable. Il ne répond à aucune loi, si ce n’est de commencer par les encres les plus claires avant d’arriver au noir. Il est « défoulatoire », incantatoire et libérateur, je l’effectue loin de tout regard, dans un état extatique."

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Image de Milène Tournier

Texte de Juliette Keating

"De nos nuits blanches"

 

Une nuit blanche, j’allai reconquérir le terrain perdu des rêves. J’allai par le sentier de la falaise manger à même l’ortie, la fleur assassine. Tu me disais absence ; que croyais-tu m’apprendre sinon l’impossibilité de ta présence auprès. Ce rêve enfui parmi le roulement de l’eau. Partir, partir dans la nuit blanche mais les draps étaient une corde nouée à mes jambes. Nuit sans sommeil. Je savais la voie lactée traçant chemin de lumière dans le ciel marocain, plus tangible que tous tes mots ramassés. Dans le noir de la nuit m’enfuir, le début du chemin dessiné dans la tête.

 

À travers la nuit blanche mêlée au sang de nos soupirs, nous construisions ce mur entre nous lentement et sans étoiles, sans vie. Effritement de nous deux trop serrés abrasés. Partir dans la nuit blanchie du matin, il fait froid, des passants frissonnent sous les parapluies, les portes du métro claquent.

Juliette Keating, romancière aux éditions le Ver à Soie.

Elle écrit chaque jour une chronique dans la rubrique "Au quotidien" de son site juliettekeating.net

En janvier 2025 paraîtra son roman La Levée du temps, aux Éditions L'Ire des Marges. 

Pour AUSSI NOIRE QU'UNE NUIT BLANCHE (9).jpg

Texte et photographies

du poète tunisien

Mokhtar El Amraoui

"Aussi noire qu'une nuit blanche"

Nuit blanche 

les murs s'ouvrent sur l'infini des étoiles qui reviennent picorer leurs miroirs en chantant les frissons des morts et leurs derniers sourires photographiés pour un linceul d'immortalité au creux d'un soupir complice tel un lumineux envol de duvets apprenant à déclamer en leurs borborygmes les appels en échos des visages scandant les feux voeux de retour 

Nuit blanche 

sculptée en branches d'aguets ululant de toutes leurs chouettes en procession porteuse de lune tuée dans les labyrinthes puants de la traîtrise perpétuant en toute hâte le passage grimaçant des masques retardant le chant du coq mais les stigmates malgré l'épaisse obscurité payée dessinent la croix ensanglantée des réverbères aux pas ailés ne s'arrêtant jamais même éreintés malgré les épines n'ayant nulle crainte à veiller l'oeil insomniaque de l'abysse où se déroulent les pellicules enfants de l'entêtée chambre noire long tapis d'interminables films en boucles emmitouflées dans les ombres des cris ressuscités sur les écrans des tumultueuses solitudes

Nuit blanche 

attente funambule en dessins de fumées sur flottants rideaux inquiets réveillant sans fin les roues des ascensions rêvées suppliant les feux moqueurs des sabliers et les dards rieurs de Chronos pour un répit une trêve refermant les si lourdes paupières brûlées en complaintes de papillons aux ailes de cendre emportées dans l'impossible nuit noire sur laquelle se referme les murs blancs des interminables questions

© Mokhtar El Amraoui le 21 juin 2024

Le poète-artiste Mokhtar El Amraoui est né  le 19 mai 1955 à Mateur, en Tunisie. Ses recueils :"Arpèges sur les ailes de mes ans", "Le souffle des ressacs" « Chante, aube, que dansent tes plumes ! » et « Dans le tumulte du labyrinthe ». Il s’inspire de la /sa vie, son imaginaire et la nature. 

Pour AUSSI NOIRE QU'UNE NUIT BLANCHE (6).jpg

Photographie de Mokhtar El Amraoui

Texte de la poétesse Zohra Mrimi

Nuit blanche 

Elle pourrait porter le nom des tourments, d'agitation 

Ma nuit blanche porte ton nom, j'ai répété nos conversations 

Mais le jour nous ignore, il ignore l'absence, il ignore l'amour heureux 

Tout ce qui appartient à la nuit sont mes amis

Il y a des idées gentilles et cette petite araignée qui fuit,

un étranger qu'on dérange en pleine volonté, un fantôme qui hait la nuit

Puis la pluie, la nuit et 

TOI qui y vis.

Lecture fabuleuse de Zohra Mrimi sur notre chaîne youtube Les Villes en Voix (à découvrir sans modération... n'hésitez pas à vous abonner, cela fait toujours plaisir !) :

https://youtu.be/Yh2mX3SiUfI

Zohra Mrimi écrit des textes poétiques sur les réseaux,

publication de son recueil "Le jour fait l'adieu"" aux éditions Z4.

Ce recueil a fait l'objet d'un court-métrage musical

sur la chaîne YouTube des Villes en Voix.

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Texte et composition picturale

Thérèse Cigna

Un homme seul dans la nuit qui n’arrive pas à dormir et traîne dans les rues avec une idée en tête :

Avant minuit 

 

Un peu avant minuit

Habille-toi de gris,

Tu l’auras ta souris.

 

Te glisser dans la nuit,

Un peu avant minuit

Tu cherches les ennuis.

 

Ton arme scintille,

Et ton corps qui frétille,

Un peu avant minuit.

 

Entends son cœur qui tonne

Et tes pas qui résonnent,

Attention ! Tu déconnes.

 

Thérèse Cigna,

romancière et plasticienne,

son dernier recueil "L'académie de l'être".

Association artbrupt 26/38

https://cigna.book.fr/,

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Photographie de Milouda H.

Texte de Gaëlle Lavisse

"Nuit blanche"

Assise sur mon lit dans l’obscurité. Les lumières des éoliennes au loin rouge clignotent, lumières à distance et pourtant, rouge sang.

Fermer les yeux, et penser au jour, à ce que je vois et ce que je ressens. Et mes pensées sont si bruyantes, ondées assourdissantes. Nuit blanche, ta lugubre noirceur m’envahit, m’étouffe. Nuit ta musique traduit en si mes émotions, symphonie de doutes en perles de pluie. Entends-tu son clapotis ?

Nuit blanche, tu m’embarques avec toi dans ton navire nuit, je vogue sur cet océan de feu, et mes rêves se noient, les rattraper au filet. Au moins quelques-uns, s’il te plaît, je veux encore rêver. Je veux encore aimer. Nuit dis moi que la vie n’est pas finie.

J’accoste sur le rivage, je te regarde nuit, la tragédie, celle de ma vie. Tous mes rêves en morceaux, pourtant ils étaient si beaux.

Où vont les rêves quand ils sont morts ? où ils échouent ? sur quelle plage ? me faut – il traverser d’autres rivages ? croiser d’autres visages ? écouter le bruit de l’eau pour l’éternité dans cette vague obscurité.

Nuit si tu savais que rien ne fait plus mal que lorsqu’on pleure la nuit sans faire de bruit, cris étouffés, larmes ravalées, gorge serrée, souffle coupé, le cœur brisé.

Nuit en silence la douleur se crie… Nuit noire ou blanche comme le récit de la vie.

Nuit blanche, mes émotions en avalanche, un ouragan ravageant tout sur son passage… voulant chasser tous les nuages. Et me dire au final que ça va aller ok, tout ira bien, tout se passera bien … tu seras toujours à mes côtés, ça va aller, me rassurer dans mes cauchemars éveillés, dans ces tempêtes de pensées où je suis seule et effrayée… Alors pour m’apaiser, prier et t’entendre me dire ça va aller ok, tout va bien se passer…

©Gaëlle Lavisse (Août 2024)

parcourt toutes les régions et les écoles avec son bel atelier d'écriture "Dis Petite".

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"Nos intérieures nuits"

 Collage et composition graphique d'Elodie Breton,

(jeune peintre qui nous a quittés en 2005, des suites d'une longue maladie.)

Texte de la poétesse Nathanaëlle Quoirez

"Notre projet de consolation"

Pour celles et ceux qui ne me connaitraient pas, je suis Nathanaëlle Quoirez, autrice du livre Lettres à Madame, recueil qui partage sous forme épistolaire (à sens unique) « un immense chagrin d’être au monde ».

 

Pour mon prochain projet intitulé L’émissaire de la consolation je cherche à me concentrer davantage sur la notion de consolation. Pour travailler sur ce projet (soutenu par la DRAC PACA) je serai en résidence en octobre prochain au GEM Club à Marseille. Lors de ce temps de résidence je voudrais me pencher sur les manières dont on s’y prend pour affronter nos souffrances, chagrins, deuils, accidents de la vie, problèmes psychiques etc.

 

Pour entamer cette résidence pendant laquelle je vais proposer des ateliers de médiation aux http://xn--adhrent-dya.es/ du GEM, je lance un appel à témoignages sous forme de lettre / carte postale / dessin qui réponde à la question suivante : 

 

Et vous, comment faites-vous pour surmonter votre chagrin dans les moments difficiles ?

 

Ces témoignages me serviront de base de travail et seront le point de départ des ateliers de médiation. Ils seront lus par les http://xn--adhrent-dya.es/ du GEM et pourront être amenés à être exposés au public. 

 

N’hésitez pas à relayer cet appel auprès de vos cercles amicaux, familiaux, professionnels ,etc.

 

Tous les témoignages sont évidemment les bienvenus y compris les dessins donc (notamment si vous connaissez / travaillez avec des personnes — jeunes, allophones, etc — qui ne seraient pas en mesure d’écrire.)

 

Et alors vous, comment faites-vous pour surmonter votre chagrin dans les moments difficiles ?

 

Vous pouvez envoyer vos témoignages jusqu’au 10 octobre à l’adresse suivante : 

 

GEM  (Émissaire de la consolation) 28 rue Bérard  13005  Marseille

 

Nous attendons vos témoignages avec grande, grande impatience.

 

Nathanaëlle Quoirez

Alors, comme un formidable élan consolateur, et cette voix inimitable,

une splendide vidéo-poème de la romancière Anne Dejardin :

https://youtu.be/zE_nG3XafEY

Son dernier livre "Elle parle des corps" aborde le thème de l’abandon à travers la douleur de différents personnages. Elle poursuit sur son blog et sa chaîne YouTube l’écriture de microfictions à partir des noms de villas d’une station balnéaire de la Manche qu’elle a intitulé : « Le nom qu’on leur a donné… »

Mes livres – L'impermanence des traces (annedejardin.com)

Et dans l'avant-nuit qui se prépare, les préparatifs qui ne viennent pas encore,

les accessoires qu'on pose avant le sacrifice du temps,

à l'arrière désembuées, nos projections de petit matin,

voici venir... avant de nous endormir, une superbe photographie de Nathalie Holt.

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